mardi 4 janvier 2011

J't'emmerde, j't'emmerde et j't'emmerde

Oui, c'est à toi que je parle.

Toi le mec qui te sens tellement supérieur quand tu es face à un membre de la France d'en bas.
Toi qui trouves que l'étudiante qui prend ta commande au McDrive est bien courageuse de bosser si tard le soir pour payer ses études. Mais quand l'étudiante s'avère être une dame de 50 ans tu ne lui adresses plus le classique "bon courage". Bien fait pour sa gueule si à son âge elle est encore là.
Toi qui penses que ceux qui conduisent les métros font ça parce qu'ils ne savent pas lire.
Toi qui parles à la guichetière de la poste comme si tu parlais à un enfant de 6 mois (parce que tu fais partie des gens qui ne s'adressent pas de la même manière à un enfant de 6 mois qu'au reste de la population), parce qu'elle est forcément mongolienne pour faire un boulot si merdique.
Toi qui ne dis même pas bonjour à la caissière qui t'accueille encore avec un sourire quand à 23h en rentrant chez toi tu passes acheter deux/trois conneries au daily monop.
Toi qui es persuadé que tous les employés des stations services sont des immigrés primo-arrivants qui ont déjà bien de la chance d'avoir trouvé ce taf. (D'ailleurs pour toi tous les immigrés sont des demeurés, la question ne se pose même pas)
Toi qui méprises les éboueurs et dis à ton fils de 3 ans fasciné par les camions-poubelles "si tu travailles bien à l'école, c'est toi qui dessineras les nouveaux camions-poubelles", parce que bon, soyons sérieux, il est inconcevable que ton fils soit éboueur, les éboueurs sont des nazes.
Toi qui pourris la femme de ménage de ton boulot tous les matins parce que cette connasse déplace tout sur ton bureau en nettoyant ta crasse.
Toi qui maudis cette feignasse de factrice de laisser un avis de passage sans avoir sonné au préalable, cette conne pouvait pas monter les 4 étages, c'était trop pour elle, fallait qu'elle suive le rythme pour avoir fini sa journée à 12h.
Toi qui ne réponds pas aux "bonjour" du SDF du coin de ta rue, et qui penses sérieusement que s'il en est là il l'a bien cherché.
Toi qui n'hésites pas à afficher ta supériorité évidente quand tu es obligé de t'adresser à ces gens de la France d'en bas.

Tu sais quoi?

On te reconnaît tout de suite, toi le petit fils de pute suffisant persuadé d'être au dessus de tout. (Ouais j'insulte ta mère, et alors, tu vas faire quoi?)
On voit dans tes yeux ce mépris que tu as pour nous.
On sent que tu es mal à l'aise, mais on doit t'avouer qu'on comprend pas vraiment pourquoi.

Certains d'entre nous kiffent leur boulot. Vraiment super fort. Et le font pour d'autres raisons que celles qui t'ont motivé à devenir consultant ou ingénieur ou key account manager ou chef de projet marketing ou je ne sais quel boulot qui rend tes parents si fiers de toi alors qu'ils ont pas la moindre foutue idée de ce que tu fais de tes journées.
Certains d'entre nous le kiffent bien moins. Mais le font parce qu'il faut bien. Bouffer. Payer les factures. Nourrir les gosses. Rembourser les crédits. Garder la tête hors de l'eau.
Et la plupart du temps le font bien. Arrivent toujours à voir le bon côté du truc. Parce que tu sais quoi? Même quand on est caissière, éboueur, guichetière, vendeuse y a des bons côtés, que tu n'es pas capable de comprendre.
Certains d'entre nous n'ont même plus de boulot. Et s'ils sont à la rue c'est pas parce qu'ils l'ont cherché, mais parce que la vie est une pute et n'hésite pas à s'acharner quand ça va mal.

Mais tu sais quoi? Ce clochard, ce contrôleur de la RATP, ce garagiste et moi, on a peut être lu bien plus de livres que toi, on a écouté bien plus de musique, on sait qui est celui que tu appelles "Michel"Ange, on est peut être allé bien plus à l'école que toi, on a peut être un QI qui éclate de loin le tien.

Mais on est là. On est là et on t'emmerde nous aussi.

Qui sait? Peut-être que le jour où tu ne sauras plus te torcher le cul tout seul, l'aide soignante de garde te laissera un peu macérer dans ta merde, comme ça, juste pour le fun.
Que l'employé des pompes funèbres qui recevra ta famille pour organiser tes obsèques sera un peu désagréable, comme ça, juste pour le fun.
Et que le fossoyeur chargé de creuser ton trou sera bourré, et fera chialer les tiens par son incompétence le jour de l'enterrement, comme ça, juste pour le fun.

Je n'irai pas jusqu'à te le souhaiter, parce que, comme tu le sais, j'ai un pouvoir magique pour lancer des sorts atroces aux gens, et généralement mes souhaits sont bien en dessous de la réalité.

Je me contenterai donc de te souhaiter bon courage, sale connard.

samedi 1 janvier 2011

We need a resolution

Comme toutes, cette année 2010 a été faite de hauts et de bas. Mais une fois débarrassée de ce garçon qui n'avait rien à faire dans ma vie, chaque jour a été bon.
Très bon. Très très bon. Très très très bon.
J'ai vécu des choses exceptionnelles. J'ai été vivante. J'ai été moi-même comme je l'ai peu été de janvier à août...

Il y a des gens extraordinaires dans ma vie, je les aime, et, pour la première fois de ma vie je me sens belle. Je me sens bien.  
Je ne cherche plus à remplir des vides. J'aime passer du temps avec moi. Faire des choses que j'aime. Que je choisis. Rester à la maison un samedi soir avec un bon livre et mon chat n'est plus un aveu de lose.
Aller au théâtre avec une amie me nourrit plus que faire la tournée des boites avec des copines de galère.
J'ai appris à aimer mon travail. Parce que j'ai appris à mettre de la distance entre lui et moi. Je sais désormais qu'il n'est pas l'amour de ma vie professionnelle, mais je sais qu'il m'apporte beaucoup et me permet de me construire, de la même manière que mes histoires d'amour passées ont fait de moi ce que je suis. Je me lève le matin avec beaucoup plus de légèreté. Les gens viennent plus vers moi. J'en deviendrais presque facile d'accès. Je ne joue aucun rôle. Je me sens soulagée, sans vraiment savoir de quoi. 

Je suis une mère épanouie. Je ne me pose plus de question quant à mon aptitude à être une bonne mère. Je suis une bonne mère. J'apporte à ma progéniture tout ce dont elle a besoin, ce dont j'ai tellement manqué.
Pour le coup j'ai appris à me donner ce que mes parents n'avaient pas su me donner.

Je suis une femme épanouie. Je n'ai plus besoin de coucher avec tout Paris et la première couronne pour savoir que je peux plaire aux hommes. Je ne cherche pas l'amour non plus. D'une part parce que je sais que c'est la meilleure manière de ne pas le trouver. D'autre part parce que maintenant que je m'aime, je ne sais pas si je suis prête à me partager pour le moment.

J'ai aussi compris que Celine avait raison. On ne change pas. Et il n'est donc pas utile de gaspiller mon énergie et mon temps à tenter de vouloir faire des gens ce que je voudrais qu'ils soient.
J'ai compris que je n'avais pas besoin de chercher constamment l'accord des autres pour faire les choses que j'aime. Et tant pis si ce que j'aime n'est ni à la mode ni aimé par les autres.

Je crois que je me suis acceptée. Vraiment. Je n'ai plus besoin de me mentir pour m'aimer. Je n'ai plus envie de faire semblant. Je n'ai plus envie de faire aimer celle que je prétendais être. 
J'ai surtout compris que les gens qui m'aiment le plus fort et le plus sincèrement sont les gens qui me connaissent telle que je suis. Ceux à qui je me suis montrée vraiment, sans arrangement avec la réalité, sans maquillage, sans honte de ce que je suis vraiment. Et c'est avec eux que je vis les moments les plus forts et les plus inoubliables qu'il m'ait été donné de vivre ces 27 dernières années.

Je ne ferai pas de liste de bonnes résolutions pour 2011. Je n'ai qu'une résolution. Rester celle que je suis. Ne plus essayer d'enjoliver la vraie moi. Parce que la vraie moi est bien plus jolie sans artifices.