jeudi 30 décembre 2010

Taffer de 9 à 5 pour moi c'est pas la vie, tuez moi tout de suite emmenez moi au paradis

"Tu n'as vraiment aucune ambition"
"Il y a des gens qui essaient de s'élever socialement, même sans avoir fait d'études, mais vraisemblablement tu n'en as pas envie"
"Finalement tu ne vaux pas mieux que ton cousin qui vient de signer son premier CDI à 38 ans"

Voilà un petit extrait de ce que j'ai pu entendre de la bouche de mon père pendant cette semaine de vacances.
Je vous fait grâce des réflexions de mon frère et de ma mère dont la teneur était sensiblement la même.

Est-ce que j'ai cherché à le contredire? A me défendre? Même pas. Parce que le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a complètement raison.

J'ai jamais eu la moindre ambition. A l'école déjà, ma seule préoccupation était d'assortir mon vernis à ongles à ma couleur de cheveux du moment, ma couleur de cheveux du moment à mes chaussures, mes chaussures à mon sac...
Mes parents ne se sont jamais intéressés à ce que je pouvais bien faire de mes journées là bas, j'en ai donc vite déduit que je pouvais continuer à faire comme si tout allait bien. Ce que j'ai continué à faire jusqu'au bac sans qu'on ne me demande de rendre le moindre compte.

J'envisageais vaguement de devenir enseignante, parce que quand même, ils ont vachement de vacances et c'était bien la seule chose qui m'importait.
Finalement je suis allée bosser dès que j'ai eu 18 ans, parce que j'en avais franchement rien à foutre, je ferais comme ma mère, je me trouverais un mec avec de la thune et je ferais des gosses...
J'avais de toute façon passé toute mon enfance et adolescence à entendre que seules les mères au foyer étaient des femmes respectables, les autres n'étant que des arrivistes assoiffées d'argent et de reconnaissance sociale.
Alors que la reconnaissance sociale c'est quoi à côté de la joie d'être prise pour une bonniche par un mari jamais content et pour une esclave par des enfants pour qui c'est jamais assez bien?

Tout se passait plus ou moins comme prévu puisqu'à 22 ans j'étais déjà mariée et enceinte d'un mec qui avait fait des études potentiellement très lucratives, et j'avais réussi par je ne sais quel miracle à décrocher un BTS et à trouver dans la foulée un boulot inintéressant mais stable et aux horaires pas trop contraignants avec beaucoup de jours de congés et presque autant de RTT.

C'était d'ailleurs tout à fait acceptable pour toute ma famille. Mes parents étaient plutôt fiers de moi et personne ne s'inquiétait vraiment pour mon avenir. Pas même moi.

Mon mari du moment a soudain décidé que la bonne situation c'était pour les cons, que la vraie vie c'était avoir du temps avec ses enfants, et que bon, il allait plutôt lui aussi se trouver une planque et poser des journées de RTT tous les mercredis, tant pis pour le salaire qui commence par un 1 et qui finit par un 300.

C'est vraiment parti en couille quand je me suis retrouvée seule à élever ma progéniture suite à un truc qui arrive à la moitié des gens qui se marient...
Rien de grave en soi. Je ne suis pas malheureuse, je suis plutôt épanouie. Mais voilà, j'ai un boulot de sous-sous-sous-fifre payé au smic et la pression sociale est telle que même moi je me suis mise à me poser des questions.

Alors qu'au fond, je m'en fous. Mes deux rêves c'était être pute de luxe ou écrivain. Sauf que j'ai trop de vergetures pour la première solution, et je vous parle même pas de la cellulite. Il reste la deuxième possibilité donc.

J'ai rencontré ces dernières années pas mal d'hommes qui croyaient être des artistes, qui se consacraient à leur art et mangeaient des pâtes les 15 premiers jours post-RSA et suçaient des cailloux les 15 derniers.
Certains d'entre eux en vivent désormais malgré pour la majorité d'entre eux un talent plus que limité. Mais ils ont ce truc, ce truc que je n'ai jamais eu dans aucun domaine à aucun moment de ma vie : ils croient en eux.

J'ai vu des gens décider un jour "je vais devenir le meilleur boulanger du monde", "je vais devenir le meilleur joueur de poker du monde","je vais devenir le meilleur réalisateur du monde", "je vais devenir le meilleur athlète du monde" (attention un de ces 4 garçons vit toujours dans une chambre de bonne et fait toujours ses courses chez Lidl). Et ces bâtards ont réussi. A mon avis aucun n'était le meilleur pour de vrai dans son domaine. Ils ont juste décidé d'avoir confiance en eux, de tout donner pour ça, et jamais ils n'ont même imaginer échouer.
Et ça a marché.

Pour ma part, j'en suis à me demander si je vais réussir à changer de boulot, parce que, quand même, j'aime bien mes collègues, et que, quand même, c'est vraiment pas loin de chez moi, et que quand même, je peux manger avec ma pote qui habite à coté le vendredi midi.

Je n'ai aucune ambition. On m'a jamais dit "t'es la meilleure", "t'es la plus intelligente" ou ce genre de choses que je répète à longueur de journées à ma progéniture. Pas pour lui faire plaisir. Pas pour lui donner confiance. Parce que je suis convaincue que c'est le cas. Parce que c'est le cas, il suffit d'être un peu objectif pour s'en apercevoir.

Et quand personne a jamais cru en vous, c'est super dur de vous y mettre.

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